Chez Alain
Laparade 

Laparade à la fin du Moyen Age

Comme toutes les bastides, Laparade jouit pendant tout le moyen âge, d'une organisation politique très complète. Elle avait de précieux privilèges : pas de servitudes corporelles, pas de taille arbitraire, un régime municipal et, chose précieuse entre toutes, la sauvegarde royale. Aussi fut-elle de bonne heure un refuge assuré contre la tyrannie des seigneurs voisins. Le régime libéral des bastides joue un grand rôle dans l'émancipation politique du Midi, et constitue, sans aucun doute, une préparation à l'émancipation religieuse du XVIe siècle.

La juridiction de Laparade comprenait, outre la ville et le faubourg de Touraille, situé hors des murs, les paroisses de Roubillon (com. de Castelmoron) sur les bords du Lot, St-Jean-des-Peyrières (com. de Laparade) sur le coteau, Sermet et Suberbos ou Subrebosq (com. de Castelmoron).

La population était beaucoup plus considérable qu'aujourd'hui. Le roi était co-seigneur avec l'abbé de Clairac et ils étaient liés aux habitants par un contrat spécial appelé paréage dans le droit féodal. La juridiction était administrée par quatre consuls, renouvelables chaque année dont l'un porta tour à tour le litre de premier consul, d'échevin et enfin de maire. C'était le gouverneur de la ville. Ils étaient assistés par un corps (le jurats ou conseil municipal, dont le nombre nous est inconnu, mais qui paraît avoir été de cinq. Les quatre consuls de l'année précédente faisaient partie du corps de jurade .

Le bourg était entouré de murs solides de pierres sèches, dont quelques parties subsistent encore, percés de trois portes, l'une vers Monclar, en face du temple actuel, les autres vers Clairac et les fossés. On voit les ruines de cette dernière. Au nord et à l'ouest, il y avait de profondes douves et la Casalgia, ou jardins des habitants, qui existent toujours, au sud, enfin, sur la pointe extrême de la plate-forme, dominant un horizon immense, au fond duquel on découvre certains jours toute la chaîne des Pyrénées, s'élevait un château fort, flanqué d'au moins deux tours ou donjons. Le jardin public en occupe l'emplacement.

Depuis le départ des Anglais, la paix n'avait pas été troublée en Guyenne. A l'aurore de la Réforme, Laparade était une toute petite ville assez prospère. Ses quatre grandes rues, tracées à angles droits, suivant l'invariable plan des bastides, étaient garnies de maisons en pisé et en colombage, recouvertes de la tuile brune de Guyenne, type d'habitation qui caractérise aujourd'hui encore la contrée. Sa grande place centrale, la Cara, où se trouvait la halle, était vraisemblablement entourée d'arcades ou " cornières". Ces arcades portaient le joli nom de garlanda, dont on a fait notre guirlande.

C'était le centre des affaires, et comme dans toutes les bastides du Midi, on aimait à y flâner par les chaudes journées d'été. Toute la vie était concentrée là comme dans l'agora des villes grecques. Le bourg renfermait tout un peuple de tisserands; on y travaillait un peu le cuir et ses chapeliers rivalisaient avec ceux de Clairac. Une batellerie nombreuse emportait à Bordeaux les vins toujours renommés de ses vignes et les figues séchées de ses coteaux " meilleures que celles de Marseille ". Il possédait enfin deux églises fort belles dont l'une, la Matrice, était hors des murs, et un hôpital.