Chez Alain
Laparade 

Juillet 1944

Les forces en présence :
D’un coté une division "Das Reich" basée à Aiguillon et un groupe d’une dizaine de miliciens armés venant de Féron (château du coté de Tonneins).
De l’autre un petit groupe de jeunes résistants FTP désarmés, dirigés par Marcel Lacassagne (s’étaient fait piéger par des miliciens qui connaissaient le mot de passe) pensaient recevoir des armes, enfin quelques résistants et l’abbé Dieulafait officier de renseignements et de liaison des groupes Veny.


Voici l’histoire officielle et unique de ces évènements, elle a été écrite 2 ans plus tard, par l'abbé Dieulafait d'aprés les témoignages des survivants de ce drame.
 
 

 
NARRATION SUCCINCTE DES EVENEMENTS TRAGIQUES
des 12-13-14 JUILLET 1944, à LAPARADE

12 JUILLET 1944
4 heures du matin – Les épis de blé, lourds de promesse de féconde récolte, attendent la lame meurtrière du moissonneur – Neuf jeunes hommes, sous la conduite d’un chef plus âgé, eux aussi remplis d’espérance et d’avenir, vont peut-être tomber sous les rafales criminelles des miliciens.
Ce petit groupe F.T.P., au bois de Bubles, vient chercher des armes pour lutter contre l’envahisseur.
5 heures, une voiture arrive. Des hommes en descendent et demandent au chef, Marcel LACASSAGNE de faire avancer ses hommes. Un moment de surprise mais il est trop tard : ce ne sont pas des amis, mais des miliciens. Le groupe a été trahi, vendu. Les armes crépitent ; les hommes fuient. Sur les neuf, 6 sont pris de suite : les 2 frères MARCIS, PEPIN, ROZIER, CAUJOLLE et LACASSAGNE, horriblement blessé. Les trois autres réussissent à se sauver : BOURGEOIS, BOUY, DAURIAC, quoique atteints par les balles. Le tout a duré 1 heure environ. Il est 6 h 30 mn.
Les prisonniers sont emmenés auprès d’une cabane où sont enfouies quelques armes. Profitant d'un instant d'inattention de ses gardiens, ROZIER parvient à s'enfuir, bien que légèrement atteint. Pris de fureur, les miliciens, aidés par les S.S. allemands de la Division "Das Reich" incendient la cabane et conduisent LACASSAGNE au bord de la route de Tourailles : là, les "mauvais français" comme dira plus tard l'officier S.S., achèvent lâchement le chef du groupe.
8h 45 environ : un des drames les plus affreux de cette journée : Madame DUBOURDIEU, dont le mari est prisonnier à Féron (Tonneins) va chercher du pain pour ses enfants : elle est reconnue par les bourreaux de Feron et frappée presque à mort ! après avoir servi de « cible » pendant 400 m le pain et la maman ne reviendront jamais à la maison !
10 h. La fusillade est terminée. Les soldats patrouillent dans la campagne et le village. Les prisonniers sont conduits à AIGUILLON où bivouaquent les S.S. Ils passent en cour martiale et sont condamnés à mort ! 5 h. de cauchemar, de panique, de terreur. Un habitant de LAPARADE, ancien combattant de 14-18, exhorte au calme, à la prudence, et invite la population à ne pas sortir. C'est alors que des secours s’organisent pour secourir les blessés. Avec courage et générosité, cinq hommes fouillent les champs de blé, les bois, les taillis et trouvent DAURIAC affreusement blessé aux jambes et au ventre : un semblant de civière, et il est transporté, à dos d’homme, après quelques soins, chez un propriétaire qui, avec un cheval, le transporte à l’hôpital de CLAIRAC.
Ce triste cortège arrive à LAPARADE, vers 16 h et c'est le drame. Les S.S. sont revenus, avec les survivants du matin : devant la porte de l’Eglise, tous les hommes du village sont rassemblés. Instant d'intense émotion : « Reconnaissez-vous, parmi ces hommes, des partisans du maquis ? « Ces jeunes qui vont mourir, suivent des yeux, un à un, les habitants qui semblent les implorer - Silence impressionnant « Non ! » Un autre mot, et LAPARADE pleurait 40 victimes de plus. Un S.S. donna à boire à DAURIAC qui continua son calvaire jusqu'à CLAIRAC où il mourut le lendemain. Un ordre bref : tous les hommes chez eux. Dix minutes plus tard, le drame est consommé : Les frères MARCIS et PEPIN tombent sous les balles, au bord des fossés. CAUJOLLE, par un véritable miracle, échappe à la mort et réussit à s’enfuir.
17h. Le calme - Les S.S. sont partis, avec leurs voitures, camions, autos- mitrailleuses, et aussi la conscience tranquille : ils ont parachevé l’œuvre commencée par des tueurs à. gage ! La nuit sera calme : les yeux ne se fermeront pas.

13 JUILLET -
Après maintes discussions, l'autorisation est accordée de porter les morts au cimetière, de 2h en 2h, avec un seul membre de la famille pour chaque victime : les maisons seront closes. Quiconque sera trouvé dans la rue, sera impitoyablement fusillé avec les 4 hommes courageux qui porteront les cercueils. Des patrouilles circulent : la population est terrifiée.

14 JUILLET -
Les sépultures commencent à 8 h. Les victimes, à part LACASSAGNE, ont été portées, dans la nuit, à la mairie, où un piquet d’honneur est resté longtemps, devant un drapeau tricolore : geste insensé, mais magnifique !
Comme des malfaiteurs, les morts et leurs porteurs sont accompagnés les armes braquées sur eux, jusqu’au cimetière. Quel silence ! Quelle tristesse ! Quelle dure journée ! Mais aussi, quel calme et quelle dignité de la part de tous !

Il est 18 Heures - Tout est fini - LAPARADE se souviendra !
 

 

mur des fusillés
mur des fusillés
 

Trois ans aprés ces évènements, j'arrivai dans ce petit village dont vous venez de découvrir l'histoire.