En mars 1789, les délégués des Trois Ordres s'étaient
assemblés à Agen, en l'église des Jacobins, pour rédiger les
Cahiers de doléances et préparer la réunion des Etats
Généraux.
Laparade avait envoyé comme délégués l'avocat Paul Geneste,
le notaire royal Etienne Geneste, Abraham Feuillerade et Mathieu Maures.
Le 30 juillet, le bruit se répandit que quatre mille brigands, après
avoir saccagé et brûlé Sainte-Foy, s'avançaient vers Marmande
à laquelle ils réservaient le même sort.
A Périgueux, on affirmait que la ville était menacée par deux
armées : l'une venant du Limousin, l'autre du Bordelais. Le tambour battait. On
alertait les paroisses voisines. On envoyait aux nouvelles des messagers sûrs. On
s'armait dans la fièvre " de fourches, de faux, de serpes de haies, parfois
même de fusils. "
Le citoyen Lapeyrère écrivait de Clairac :
" Nous avons eu des avis de plusieurs côtés que des brigands couraient le
pays. Les uns nous disent qu'ils sont à Saint-Pastour, les autres à
Bergerac, les autres nous demandent vite pour Laparade ; les autres pour nous tenir sur
la rivière. "
A Marmande, le bruit courait que les brigands étaient à Tonneins.
Les officiers municipaux avaient apaisé le peuple en alarme. Mais, au matin,
l'inquiétude avait reparu : les brigands étaient à Laparade. On
avait sonné le tocsin. Puis, peu après, on avait appris par une lettre d'un
bourgeois de Clairac que Laparade était comme tant d'autres communes de l'Agenais
" troublée du bruit mais sans aucun risque ".
On attendait partout ces fameux brigands, mais personne ne les voyait. Cette grande peur
collective n'était que fumée. Les craintes finirent par se dissiper.
Mais la situation financière restait précaire. Déjà
mauvaise sous l'Ancien Régime, elle était devenue catastrophique.
Pour subvenir aux besoins de l'Etat., l'Assemblée avait demandé à
tous les citoyens de verser une " contribution patriotique " égale au quart
de leurs revenus. " Cette contribution ne devait avoir lieu qu'une fois. On ne
pourrait y revenir pour quelque cause que ce soit. Il ne serait fait aucune recherche ni
inquisition. "
Un registre fut ouvert. Le curé Desclaux s'inscrivit pour 250 livres, celui de
Roubillon pour 600.
La Garde Nationale avait été formée le 19 mars 1790. Le 27,
défense fut faite d'ouvrir les fossés pour arroser les prairies de la
vallée. Un effort fut demandé aux habitants pour rendre la ville plus
propre, enlever les détritus, les ordures ou le fumier qui encombraient les rues.
La mairie fut aménagée dans la maison du citoyen Geneste à la suite
d'un échange.
L'anniversaire de la Fête de la Fédération fut
célébré le 14 juillet 1791 par un Te Deum et une grande
cérémonie. La Garde Nationale s'était rangée en carré,
place du Couderc, autour de l'autel de la Patrie. " Tous les citoyens étaient
dans le plus grand ordre. Le maire et les officiers municipaux prononcèrent le
serment fédératif ; les cris de ce serment furent
répétés mille fois avec le plus vit enthousiasme, suivis de
plusieurs décharges de mousqueterie. "
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